Piolets d'Or - Jugal Spire (alias Dorje Lhakpa II, 6 563 m)

Jugal Spire (alias Dorje Lhakpa II, 6 563 m)

©Paul Ramsden

Première ascension du Jugal Spire (6 563 m), Jugal Himal, par The Phantom Line (1 300 m, ED) dans la face nord, du 25 au 29 avril. La descente a été effectuée en traversant la montagne et en descendant un terrain précédemment non gravi en versants sud et ouest.

Le Jugal Himal est le massif de haute montagne le plus proche de Katmandou, mais il est peu fréquenté. Désireux de grimper après avoir été freinés par le COVID-19 pendant deux ans, les Britanniques Tim Miller et Paul Ramsden sont arrivés au Népal au début du printemps. Pendant toute la durée de l'expédition, il a plu, grêlé ou neigé au moins une partie de la journée.

Après une approche de quatre jours jusqu’au camp de base, une sortie d'acclimatation sur l'arête ouest du Dorje Lhakpa leur a permis de voir pour la première fois la face nord du pic 6 563 m (appelé plus tard Jugal Spire), une immense étendue de granit très abrupte. À première vue réservée aux grimpeurs de big walls, une inspection minutieuse a montré qu'une ligne de glace raide rayait la face en diagonale depuis le bas à droite. Bien que la majeure partie de cette ligne soit apparue en glace, il y avait un mur rocheux à environ un tiers de la hauteur qui semblait raide et compact.

Après une première journée d'escalade mixte non protégeable et délicate menant à un bivouac confortable, ils ont atteint la raide paroi rocheuse. Surpris, ils ont découvert une série de cheminées cachées derrière une ligne d’écailles qui leur a permis de pratiquer une intense escalade façon écossaise. La nuit suivante, des avalanches de spindrifts ont déchiré la tente et ils ont passé une partie de leur temps debout dans l'obscurité jusqu'à ce que les spindrifts finissent par se calmer. La troisième nuit fut plus agréable, même si la tente n'était plus utilisable en tant que telle, et les deux hommes se sont contentés de se cacher à l'intérieur de la toile. Le quatrième bivouac, près de la sortie des pentes sommitales en glace raide et ardue, se trouvait à l'intérieur d'une grotte naturelle. Le lendemain, après 37 longueurs depuis le bas de la face, ils ont traversé le sommet, descendu en rappel sur des abalakovs en versant sud, puis sont descendus vers l'ouest dans un large goulet pour faire leur dernier bivouac à l'endroit où ils ont rejoint le glacier. Ils ont baptisé l'itinéraire The Phantom Line (« la ligne fantôme ») en raison de la nature éphémère de la glace et de la façon dont l'itinéraire apparaissait et disparaissait sous différentes conditions de lumière lorsqu'il était observé de loin. Ramsden a estimé qu'il s'agissait de l'une des plus belles voies qu'il ait gravies.

Les membres du jury ont estimé qu'il s'agissait d'un exemple parfait d'alpinisme exploratoire ambitieux, réalisé dans un style alpin simple mais efficace : deux sacs, deux cordes, une tente, et pas de jumar, de spits ou de prévisions météorologiques.

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