©Spencer Gray/AAJ
Première ascension de l'arête sud-ouest (1 670 m, 5.10 A0 M7 WI5) du Kaqur Kangri (alias Kanti Himal), Kanti Himal, du 15 au 21 octobre. Traversée de la montagne et descente par l'arête nord-ouest vierge.
Le Kanti Himal, situé dans l'ouest reculé du Népal, chevauche la frontière avec la Chine/Tibet et son plus haut sommet porte le nom tibétain de Kaqur Kangri. En 1998, une petite expédition japonaise avait effectué une reconnaissance du versant sud ou népalais et avait été impressionnée par ce qu'elle avait vu, décidant qu'il n'y avait pour elle aucun itinéraire viable vers le sommet. C'est une autre expédition japonaise qui en réalisa la première ascension. En 2002, une équipe de huit membres approcha le sommet par le Tibet et l'atteint avec succès après avoir fixé des cordes sur le flanc nord et l'arête est. La montagne est ensuite restée inexplorée durant les 22 années suivantes.
Les seules images de la face sud découvertes par les Américains Spencer Gray, Ryan Griffiths et Matt Zia ne montraient que la partie supérieure, laissant la moitié inférieure à leur imagination. Cependant, l'arête sud-ouest semblait présenter le meilleur rocher et était à l'abri des chutes de séracs actives partout ailleurs sur la face. Les trois hommes ont marché pendant huit jours depuis le terminus de la route jusqu'au camp de base situé à 4 700 m d'altitude. Après s'être acclimatés sur un sommet voisin de 6 200 m, ils ont fait une première tentative sur l'arête sud-ouest à la mi-octobre, grimpant jusqu'à 5 800 m en une journée avant que leur réchaud ne tombe en panne. Cela a contraint l’équipe à redescendre jusqu’à la base de l’arête pour récupérer un autre réchaud, après quoi Zia, profondément affectée par la récente nouvelle du décès d’un ami, a décidé de ne pas poursuivre.
Gray et Griffiths sont retournés sur l’arête et ont grimpé sur un un gneiss granitique de bonne qualité (ils partageaient une seule paire de chaussons d'escalade), de la glace et un terrain mixte pour atteindre le passage-clé, le spectaculaire headwall. Ils l’ont surmonté par huit longueurs mixtes soutenues, gravies en deux jours malgré les seules précipitations notables de l'expédition. Depuis leur bivouac situé sur le champ de neige sommital, ils ont atteint le sommet après une heure de marche le 31 octobre, puis ont descendu l'arête nord-ouest, jamais explorée auparavant, et une pente orientée vers l'ouest en dessous, principalement en désescalade et aussi une douzaine de rappels. Ils ont rejoint le pied de la montagne le même jour, après avoir accompli
l'une des ascensions les plus difficiles jamais réalisées dans l'ouest du Népal.
Les membres du jury ont convenu qu'il s'agissait d'une ascension techniquement difficile, d'une ligne élégante, réalisée avec style et avec une traversée de la montagne. Elle a nécessité un haut niveau d'exploration et montre aux autres alpinistes qu'il existe encore de nombreux objectifs difficiles à gravir dans des régions peu fréquentées de l'Himalaya.

